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mercredi 11 septembre 2002

LES GRANDES FAMILLES DU PAYS BASQUE


Les Laduche
Par Vendeuil Richard de, publié le 09/05/2002

Pelotaris de souche

Renvoyée du fronton au trinquet et du trinquet au mur de la mairie d'Ascain, l'histoire rebondit depuis trois générations. Elle raconte la colère d'un père découvrant que son rejeton joue secrètement les pelotaris alors qu'il le croit en train de couper les fougères sur la Rhune. Elle dit aussi la raclée prise par son petit-fils, doué à main nue, et annonçant qu'il souhaite se consacrer au rugby "pour être un futur Walter Spangherro". Une histoire à la Laduche.

Laduche comme Pampi, l'as des as des pelotaris, l'égal des Chiquito de Cambo ou des Dongaitz de légende, le champion du monde - mieux même, le double champion d'Espagne. Et presque le triple depuis que son poulain, Yves Sallaberry, alias Xala, de Bonloc, a renouvelé l'exploit, il y a quelques mois, à Saint-Sébastien. Laduche comme aussi Jean-Louis, maire d'Ascain, petit cousin du premier nommé - "Vous savez, l'oncle à Jean-Baptiste dont le fils, Didier, tient le Trinquet de Paris."

A Ascain, il y a la maison du maréchal Soult, la Vierge à l'Enfant de la chapelle d'Ondicola et les Laduche. Forcément, cela ne plaît pas à tout le monde. Mais qui oserait l'avouer? "Ils" sont là depuis si longtemps. Depuis six générations exactement, en remontant à l'aïeul, Vincent, né en 1838 et père de sept enfants. Les Laduche tiennent leur rang. Quitte, parfois, à grimper aux murs. Un jeu d'enfant pour des pelotaris de père en fils (et même en fille). Sauf, peut-être, lorsqu'il s'agit d'acquérir du bien. Un sport où ni l'agilité ni les bras - fussent-ils massifs comme ceux de Joseph, le père de Pampi - ne sont suffisants.

Déjà, faute de moyens, Jean, le grand-père, métayer de son état, avait dû renoncer à installer son commerce dans l'auberge qui jouxte le fronton, pour ouvrir
un peu plus loin son café-épicerie, Le Berenda. Plus tard, il faudra que l'un de ses huit rejetons, Joseph, hypothèque la maison de famille pour construire "son" trinquet et l'auberge attenante. La vedette du moment est alors Philippe, le deuxième des six frères et soeurs, champion du monde amateur à main nue. Si l'heure de Pampi, poussin prometteur, est encore à venir, le trinquet, lui, est déjà Laduche. Et le restera, une dizaine d'années plus tard, en passant entre les mains d'un autre frère de Pampi, Jean-Michel. Aussi habile aux fourneaux qu'à la pelote, lui s'est fait une petite réputation gastronomique - et un pécule - qui l'impose lors du tour de table convoqué par la famille pour décider de l'avenir du site du trinquet. Depuis, il finit de rembourser son achat. Avec l'espoir que la mairie s'implique financièrement dans la mise aux normes européennes du club. Bientôt "municipalisé", le trinquet Laduche? Reconverti depuis une douzaine d'années en homme-spectacle, réclamé aux troisièmes mi-temps de rugby à Beaumont-de-Lomagne ou à Brive, plébiscité pour un récital en Californie ou à Saint-Pierre- et-Miquelon, Pampi se dit "embêté" par l'affaire du trinquet. Jean-Michel, lui, s'inquiète de voir les promoteurs immobiliers rôder faute de solution. Où joueront demain les cousins Ugutz et Panchoa, adeptes de la pasaka, et les jeunes pousses locales? Xabi, le fils du champion, a sa réponse. De retour au pays après quatre ans de perfectionnement à Berkeley, aux Etats-Unis, il passe professionnel de... golf.

Et il y en aura sûrement pour crier à l'hégémonie des Laduche, du côté des greens de Chantaco, cette fois.

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